vendredi 21 novembre 2014

Robin des Bois : quand l'étymologie met sur la piste de l'Alchimie ...


Robin des Bois (Robin Hood) est un personnage que nous pouvons appréhender de manière alchimique et dont le nom peut être déchiffré par le biais de la Langue des Oiseaux.

 
Langue des Oiseaux alchimie littérature


Comme Zorro, Robin des Bois est un justicier auquel pas mal de petits garçons de ma génération se sont identifiés. Héros archétypal du Moyen-âge, il symbolise aujourd’hui encore la soif de justice qui réside en chacun de nous. Brigand au service de tous les opprimés, il détrousse les riches et rend l’argent aux pauvres.

Le dessin animé de Wald Disney l’immortalise sous l’apparence d’un renard malin et courageux qui s’insurge contre les impôts injustes prélevés le pouvoir royal. Cette version fait allusion à l’usurpation du pouvoir par le prince Jean lors de la captivité du roi Richard Cœur de lion. Parti en croisade, celui-ci avait en effet initialement confié la régence du royaume à l’évêque Guillaume Longchamp.

La première mention écrite mentionnant un « Robehod » date de 1228. Il s’agit d’un document judiciaire relatif à un personnage emprisonné pour non-paiement d’une amende.

Par la suite, plusieurs ballades populaires célèbrent les aventures d’un « Robin ». Si le prénom du personnage semble déjà associé à la belle Marianne (« Le jeu de Robin et Marion » vers 1283), la première allusion écrite de ses aventures date de 1377 avec le manuscrit de William Langland : « Pierre le laboureur ». Par la suite, la légende continue de se former. Il est alors question d’un hors-la-loi au grand cœur qui affronte un système corrompu à l’aide de son arc

Caché au cœur de la forêt de Sherwood, vêtu de vert et fréquemment représenté avec un vêtement à capuche coiffé d’un petit chapeau orné d’une plume, la signification de son nom donne des clefs pour en déchiffrer la symbolique.

En premier lieu, le personnage se nomme « Robin Hood » et non « Robin Wood », ce qui l’apparente à un conte aussi célèbre : « Red Riding Hood » (Le Petit chaperon rouge).

Quant au pseudonyme de « Robin », il désigne en fait le « coucou », qui partage le symbolisme de la « primevère », allusion à l’Amour idéalisé mais aussi au Printemps, à la jeunesse, à la renaissance de la nature et de la verdure. Le vert signe aussi la connaissance des choses cachées que l’on pourra découvrir en pratiquant la Langue des Oiseaux (la plume présente sur la capuche de Robin).

Par ses habitudes, notamment celle de prendre place dans le nid d’autres oiseaux pour y pondre, le coucou représente la tromperie, l’infidélité, la duplicité et l’adultère, aspects que l’on retrouve chez les personnages créés par Cyrano de Bergerac ou chez d’autres héros éminemment liés à la Langue des Oiseaux, notamment Till l’Espiègle.

Si ce caractère double et volatile du coucou (qui a donné « cocu »), s'associe au côté insaisissable de Robin des Bois, il est en fait une allégorie du Mercure des alchimistes qui correspond au sel double du début de l’œuvre. Il est aussi une métaphore du dieu Janus (Mercure) représenté avec deux visages.

Par ailleurs, la lutte entre Robin des Bois et le prince Jean évoque très certainement les oppositions violentes propres aux opérations alchimiques, et notamment au conflit entre le souffre et le mercure.

Pour sa part, le terme « Hood » signifie certes « truand » (celui qui se tient en marge de la norme) mais également « capuche ». Robin des Bois est ainsi un brigand paré d’un « capuchon taillé en pointe » … ce qui renvoie cette fois à « l’art de la pointe » cher à Cyrano de Bergerac, soit une allégorie figurant la capacité de capter la lumière et le Langage de l’Esprit.

Il faut aussi savoir qu’emprunté par l’anglais au français du Moyen-Age, un « robin » désignait alors un « mouton ». Le mot s’est ensuite transformé en « robinet », objet permettant de laisser couler les fluides et qui avait souvent la forme d’une tête de mouton. Or en alchimie, le fluide (ou rosée) se captait au printemps sous le signe du bélier, d’où une indication sur la période favorable pour débuter l’œuvre. Le nom « robin » qualifiait aussi le paysan dénigré dans la littérature médiévale, ce qui n’est pas sans rappeler le terme de « laboureur » que se donnaient eux-mêmes les alchimistes.

Le nom de la compagne de Robin est également révélateur : 

Marianne (de « Marian », antique déesse païenne devenue « Brigitte » au Moyen-Age) se confondait autrefois  avec « Marie l’Egyptienne », devenue « Maria », la patronne des troubadours.

Encore appelée « Merry maid » (« fille de joie ») ou « Mermaid » (« fille de la mer » ou « sirène »), tous ses noms étaient des travestissements de l’Aphrodite des Grecs. Cette même divinité fut également nommée : « Myrrha », prénom qui évoquait la myrrhe apportée par les rois mages.

Si l’Epiphanie retrace l’arrivée des rois mages guidés par une étoile, celle-ci revêt aussi une importance considérable en matière d’alchimie dans la mesure où son apparition représente concrètement le premier signe visible de l’œuvre.

De ces noms découle bien sûr celui de la Vierge Marie, ou de la lune, dispensatrice du Mercure universelle.

Ainsi, derrière l’aspect d’un justicier au grand cœur dont nous aurions grand besoin aujourd’hui, Robin des Bois demeure à la fois une allusion aux opérations alchimiques ainsi qu’une invitation à se tourner vers la puissance de l’Esprit figurée par la Langue des Oiseaux.
 
Outre le coucou, le  mot « Robin » ne désigne-t-il pas également un rouge-gorge en anglais 

Ceux qui désirent élargir leur connaissance pourront se procurer l’ouvrage de Richard Khaitzine, qui nous a quitté l’année dernière : La petite histoire et la légende de Robin des Bois, Slatkine, 2011.