jeudi 23 octobre 2014

Acrostiches, acronymes et Langue des Oiseaux

Langue des Oiseaux François Villlon Livre acronyme acrostiche

Acrostiches, acronymes et Langue des Oiseaux
 
La Langue des Oiseaux fut utilisée par tous ceux, qui, au cours des âges, ont désiré déguiser leur pensée afin de ne pas être inquiétés par les pouvoirs en place. Parmi ceux-ci, on compte bien sûr des alchimistes, des initiés et bon nombre d’écrivains. Parmi les procédés que ces derniers utilisèrent, les acrostiches et les acronymes comptent parmi les plus classiques.

Pour les non initiés, rappelons que l’acrostiche est un texte, une prière ou un poème dont les premières lettres de chaque ligne forment un mot quand elles sont lues verticalement tandis que l’acronyme est un mot formé des initiales ou des éléments initiaux de plusieurs mots.

Utilisé par les kabbalistes, l’art sacré des acronymes demeure l’un des trois procédés combinatoires des lettres permettant de déchiffrer la Torah. La méthode la plus simple consiste à mettre en évidence de nouveaux mots à partir de toutes les lettres, des premières lettres ou dernières lettres de phrases ou de mots.
Ainsi le mot ADAM (אדם), formé des lettres Alpeh, Daleth et Mem (la lettre A n’entre pas en ligne de compte car l’hébreu n’est pas une langue voyellisée) renvoie aux noms d’Abraham, de David et de Moïse pour signifier qu’Adam engendrera David dont sera issu le messie. Appelée Notarique, cet art des abréviations explique aussi la composition de certains mots et de certaines prières.

Employés dans les alphabets grecs et latins, acronymes et acrostiches furent également utilisés dans les premiers temps du Christianisme.
En latin, le titulus INRI, inscrit par les Romains sur la croix de crucifixion de Jésus, était l’acronyme de « Iesus Nazarenus Rex Iudæorum » qui signifie « Jésus le Nazaréen, roi des juifs ».
Présent dans de nombreux traités hermétiques, cet acronyme détenait aussi un sens plus secret auquel les alchimistes faisaient correspondre la phrase: « Igne Natura Renovatur Integra » (« la nature est renouvelée et régénérée par le feu ») qui résumait le but de leur travail sur la matière.


Pour certains initiés, INRI signifiait aussi : « Ineffabile Nomen Rerum Initium » (« Le Nom ineffable est le commencement des choses ») ou encore « Igne Nitrium Roris Invenitur » (« Par le feu se découvre le nitre de la rosée »).

Comportant souvent plusieurs niveaux d’interprétation, les acrostiches n’étaient pas le domaine réservé des mystiques ou des alchimistes. 

Le poète François Villon les utilisa aussi dans ses ballades. On en trouve dans la Ballade de la Grosse Margot, la Ballade des contre-vérités ou la Ballade pour prier Notre-Dame tirée du Grand Testament:

Vous partâtes, digne Vierge, princesse,
iésus régnant qui n’a ni fin ni cesse.
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,
Laissa les cieux et nous vint secourir,
Offrit à mort sa très chère jeunesse ;
Notre Seigneur tel est, tel le confesse :
En cette fois je veux vivre et mourir.

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